Depuis 2005, Alma copie sa copine de The Ring en terrorisant les joueurs consentants. Ses apparitions flash ne laissent guère le temps d'admirer ses os et ses cheveux sales. Mais son amour du cache-cache suffit-il à faire de F.E.A.R 2 un FPS qui sort du lot ?
F.E.A.R 2 joue la carte amusante de commencer 30 minutes avant la fin de son prédécesseur. Une manière intéressante de faire débuter l'histoire à l'autre bout de la ville, juste avant "un événement majeur", et tout ça pour aller chercher un personnage qui va vous compliquer l'existence (pour parler poliment) pendant tout le jeu. Vu que le scénario est une vraie motivation pour avancer, je vais faire un test "qui n'en dévoile rien". Parce que personnellement, ça me gaverait de savoir que *biiiiiiiiiip* meurt à la fin.
Hémoglobine
Plus sérieusement, vu le jeu de massacre qu'est ce titre, la vraie question c'est plutôt qui s'en sort... Votre personnage est, une fois de plus, un super-soldat. Peut-être parce qu'on sait depuis un moment qu'incarner un bidasse asthmatique est quand même moins fun... Michael Becket est donc une brute du maniement des armes, du pistolet ridicule aux prototypes énergétiques les plus dangereux. Petit bonus, il sait aussi ralentir le temps. Enfin plus précisément, ils augmentent ses réflexes à un niveau tel que pour lui, tout le reste devient d'une lenteur affligeante. De quoi tourner trois fois autour d'un ennemi avant de lui coller une balle dans la caboche. Enfin, je crois que c'est ça : le scénario se dévoile par l'intermédiaire de quelques cutscenes, mais surtout par des documents à lire éparpillés partout. Pas très fun, mal intégré, ce système permet d'en apprendre beaucoup mais la crédibilité de la chose laisse à désirer. Le mec qui laisse traîner des dossiers confidentiels sur l'escalier, il faut le virer. Ou le tuer ! Ah, je crois que c'est déjà fait...
"Ne tirez pas ! Je bouquine !"
Du coup, certains risquent de ne plus lire tout ce qui se trouve dans le jeu et on rate inévitablement un bon quart de ce que propose le scénario. Mais qui s'en soucie : l'essentiel est toujours là ! Car malgré les années, F.E.A.R 2 ne se ramollit pas. Les gunfights sont toujours aussi réjouissants. Les ennemis volent à chaque impact, ça saigne, ça explose, ça grogne de douleur, bref, on s'amuse. En tout cas pendant un moment... Le level design linéaire à l'extrême a un effet désastreux sur l'IA des ennemis : terminé pour eux les chemins alternatifs et les prises à revers. Du coup, on se retrouve dans un jeu de quilles dramatiquement facile pendant plus de la moitié de ce "ride". Pour rentabiliser le solo, il faudra donc directement opter pour le niveau de difficulté maximum et s'obliger à ne pas abuser de vos pouvoirs. Dans le cas contraire, vous verrez la fin en 7 heures, voire un poil moins. Décevant...
Mise en condition
Se gâcher le jeu ou le cataloguer en FPS de seconde zone serait pourtant une erreur. Dans les conditions citées, de nuit, avec le casque vissé sur les oreilles, l'ambiance de F.E.A.R 2 reste exceptionnelle. Malgré la mollesse des nouvelles versions de certaines armes dont des fusils à pompe carrément nazes, l'action reste prenante et les séquences "horrifiques" très bien intégrées. Non seulement elles servent le scénario mais leur réalisation est vraiment réussie. Moralité, fragger en pleine journée avec du monde autour ne vous fera pas lever un sourcil. Soyez malins et profitez au maximum de ce que ce titre offre, ça me paraît logique. Cet effort permet de ne pas trop s'agacer devant l'évident corridor de jeu qu'on vous impose, à base de portes fermées, barricadées, soudées, etc.
Post-mortem
Reine du bal, la version PC enterre vivante une version PS3 poussive et aliasée. Mais elle n'est pas parfaite, loin de là. Les bandes noires rappellent que le jeu n'est pas compatible 16/10ème mais uniquement 16/9ème (débile !), les boutons 4 et 5 des souris ne sont pas utilisables et il faudra supporter le système de sauvegarde par check point typique des consoles et qui fait ramer l'action pendant quelques secondes à cause de l'accès disque dur. Les consoleux ont aussi leurs doléances : les effets de lumière sont fatals à la PS3 (dommage, votre torche est votre meilleure amie) et la version 360 supporte assez mal les fights pleins de poussières et autres effets. Ce n'est que justice ! Après tout, la facilité du titre est certainement la conséquence d'un gameplay prévu pour les amoureux du pad. Et sur PC, on connaît la chanson : là où y'a du pad, y'a pas de plaisir... Je taquine, vu la difficulté et les prouesses techniques de Killzone 2 par exemple, on sait qu'il est possible de faire beaucoup mieux. Le moteur 3D est donc loin d'être ridicule, mais il manque encore d'optimisations sur les versions consoles. Une tâche pas évidente vu les effets de particules à gérer ou les "flashs horrifiques" qui obligent les programmeurs à jongler avec les textures.
Qui aime bien, châtie bien
Malgré tous ces défauts, j'ai adoré terminer ce titre. J'ai effectivement pris soin d'y jouer la nuit sans personne pour me casser mon trip, savouré son ambiance sonore fantastique, sursauté devant certaines apparitions d'Alma, massacré sourire aux lèvres des hordes de clones pas si évidents à refroidir que ça (rhaaa, les assassins fantomatiques des derniers niveaux !). Alors oui, c'est facile, le multijoueur est anecdotique tout comme les combats en méchas ou les séquences de tir au pigeon aux commandes d'une tourelle de véhicule blindé. Mais F.E.A.R 2 mérite d'être joué, apprécié. Certainement pas à 60 euros (50 sur PC), mais je crois que vous savez comment faire pour éviter ça, en restant dans la légalité.